Création de centres commerciaux en Morbihan: et si on demandait un moratoire?

Le journal Le Monde vient de publier dans son édition du 9 décembre une enquête édifiante sur le commerce en France. L’article précise que notre pays est saturé de centres commerciaux à la périphérie des villes. Ceux-ci représentent une superficie globale de 17 millions de m2….soit l’équivalent de trois départements français.
La plupart du temps, ces implantations se sont effectuées sur des terres agricoles ou des zones naturelles à des prix particulièrement attractifs. La faiblesse du coût du foncier a conduit les promoteurs à développer des parkings à ciel ouvert artificialisant des surfaces considérables de sol.
Les grandes enseignes se sont livrées à une véritable guerre des implantations et de concurrence sauvage avec pour conséquences une pression insupportable sur les producteurs.
Il faut voir aujourd’hui la réalité en face : la multiplication non maitrisée des centres commerciaux en périphérie a largement contribué à la désertification des centres urbains, notamment dans les villes petites et moyennes, ou les banques, les boutiques de téléphonie mobile et les compagnies d’assurances se sont substituées au commerce alimentaire.
Selon l’article du Monde, le taux moyen des vacances commerciales en centre ville est passé de 7,2% à 11% entre 2012 et 2017, soit une augmentation de 62% en cinq ans.
Par ailleurs, et c’est nouveau, les cessations d’activité sans repreneur affectent aussi les centres commerciaux de périphérie. Entre 2012 et 2016, le taux moyen de vacances est passé dans ces centres de 3,8% à 12% soit une augmentation de 315% avec le risque dans certains endroits de voir se constituer des friches commerciales dont aucun repreneur ne voudra.
Ce phénomène de rideaux baissés en centre ville et centre bourg et de magasins vides dans les «temples de la consommation » affecte plus particulièrement la Bretagne. A l’exception de Rennes, de Saint Malo ou de Vannes, l’ensemble des autres villes bretonnes connaissent un taux de vacances commerciales supérieur à 10%. La situation à Saint Brieuc et à Lorient est encore plus préoccupante avec respectivement 20% et 15% de vacances commerciales, sans parler de petites villes comme Ploërmel ou Redon ou la situation du commerce en centre ville est particulièrement alarmante.
Beaucoup s’accordent à dire qu’il est souhaitable dans certains territoires de mettre en place un moratoire sur l’ouverture de nouveaux centres commerciaux. Mais peu ont le courage politique de passer à l’acte !
Il est scandaleux de constater que cette possibilité de bon sens a dernièrement été retoquée par Bercy au nom de la liberté du commerce.
Comme aucune mesure de régulation n’est prise, la folie du bétonnage commercial se poursuit : En 2016, 1,6 millions de m2 de magasins supplémentaires de plus de 1000m2 ont été autorisés en France, 37 nouvelles hyper zones commerciales sont autorisées et programmées d’ici à 2021 et selon le CNCC, 57 parcs d’activités commerciales sont dans les cartons.
Il est urgent de mettre un terme à cette hypertrophie commerciale qui enlaidit les paysages, détruit les surfaces agricoles, fragilise les écosystèmes, désertifie les centres villes et les centres bourg, accentue une concurrence sauvage qui fragilise les exploitations agricoles en imposant une pression insupportable sur les prix et détruit des emplois (en moyenne pour un emploi créé en périphérie, trois disparaissent en centre ville) ?
N’est il pas temps d’instaurer, en Morbihan, un contrôle citoyen sur les processus de décision qui autorisent la création de centres commerciaux supplémentaires en suivant de près les dossiers mis à l’instruction de la commission départementale d’aménagement commercial ?
Nous pourrions aussi travailler l’idée d’un moratoire visant à stopper la création de nouveaux hypermarchés dans le département.
Enfin, il faut faire connaître et soutenir toutes les initiatives qui localement sont adossées à la conception d’une activité commerciale rééquilibrant les territoires, privilégiant qualité et circuits courts et respectueuses des producteurs locaux.
« Causes communes 56 », soucieuse de lier éducation populaire, réflexion collective et action, suggère la création, en Morbihan, d’un atelier citoyen sur les enjeux du commerce local dont le premier acte fort pourrait être la demande d’un moratoire sur la création de nouveaux centres commerciaux.
Pour connaître les circuits courts près de chez vous.
Celles et ceux qui sont intéressé(e) s par cette démarche peuvent s’inscrire ci-dessous.
Il y a aussi une carte des circuits courts du Sud Morbihan ici : https://framacarte.org/fr/map/papillons-transition-en-sud-morbihan_11240#11/47.6224/-2.4582
Elu d’une petite commune, j’ai suivi une journée de formation sur l’urbanisation suite aux nouvelles lois Grenelle 1 et 2 ainsi que ALUR. Celles ci freinent l’extension des constructions des bourgs dans les zones agricoles privilégiant la construction dite “dent creuse”.
Mais surtout, certains architectes urbanistes continuent de raisonner en zonages: zone artisanale, zone commerciale, zone tertiaire etc.., alors que nous devons repenser mixité des genres, habitations et commerces et artisans (hormis les activités générant des nuisances qui seront écartées) et activités tertiaires.
Posons la question suivante: Qui décide de l’implantation des commerces et autres activités professionnelles?