“Et si:”…

Et si:
Nous profitions de ce temps contraint pour faire des choses choisies?
Des choses enrichissantes, non soumises au diktat des actionnaires, du marché.
Lire, écrire bien sûr, parler, se parler et surtout résister au flot d’images, de contributions en experts, en sachant divers et de bons mots, de mots laids.
Couper ce son, ces sons ces images, à en vomir.
Et si:
Nous résistions à cette situation qui nous colle aux écrans et restreint notre
vivre ensemble, par exemple en ouvrant le robinet qu’une heure le matin et
qu’une heure le soir.
Entre les deux tout est possible.
Et si:
Nous décidions de confiner nos cartes bleues pour éviter aux livreurs, facteurs,
préparateurs de commandes et autres acteurs de la chaîne du net d’être exposés
(réservons-la pour ce qui est strictement nécessaire).
Et si:
Face à la lâcheté des dominants qui refusent de les confiner, nous décidions de
boycotter Amazon et autres semeurs de précarité.
Et si :
Tous ceux qui applaudissent à leur fenêtre étaient descendus de leurs balcons
avant.
Et si :
Ils descendaient après.
Et si :
Nous montrions reconnaissance à tous ceux contraints de travailler pour le bien
public.
Les soignants, bien sûr, en première ligne, les vendeuses et vendeurs de
l’alimentaire, les éboueurs, les agents des services publics, les caissières,
les cheminots, conducteurs de cars et de bus, ambulanciers, pompiers, et aussi
les policiers, gendarmes et militaires, de nouveau au service public; enfin
beaucoup de “nantis des régimes spéciaux”.
Et si :
Aujourd’hui, nous leur disions notre bienveillante amitié et après la nation
reconnaissante leur accordaient salaires décents et régime spécial pour tous.
Et si :
Nous disions dès maintenant que c’est cet après là que nous voulons, que nous
accepterons pas leur stratégie du choc.
Et si :
Nous confinions tout de suite l’idée de nous faire payer.
Nous allons accumuler plein de solidarité, plein de partage même à distance,
plein de joies (hélas pour beaucoup trop, des peines) des joies pour celles et
ceux qui sont avec leurs enfants (et qui comprennent pourquoi les enseignants
devraient être augmenté).
Nous allons engranger de l’énergie positive pour, à la fin, leur faire leur
fête une bonne fois. Pour cela il faudra faire plus qu’applaudir.
C’est pas gagné, c’est sûr, mais puisqu’il parait qu’il y aura un avant et un après, faisons en sorte qu’ils ne se ressemblent pas.
Profitons de cette situation inédite pour créer l’impensable.
Michel Tosi, Causes communes 56