Un exode qui révèle des inégalités de classe !

Quelques heures avant que n’entre en vigueur le confinement général de nos concitoyens, des milliers de citadins se sont présentés dans les gares, plus particulièrement à la gare Montparnasse, pour rejoindre des résidences secondaires ou des locations sur le littoral breton.
La gare d’Auray a fait l’objet d’un trafic inhabituel de voyageurs le lundi 16 mars.
Ce reflexe de “sauve qui peut” interroge à plus d’un titre:
– Il risque d’importer des cas de conoravirus dans un secteur du
Morbihan très largement impacté par l’épidémie. A ce jour, près d’une
centaine de personnes ont été testées positives sur le secteur d’Auray
et des communes proches et cette arrivée massive ne peut qu’aggraver la
situation.
– Il relève d’un comportement ou la sauvegarde individuelle l’emporte sur l’intérêt commun.
– Enfin, il révèle une inégalité insupportable entre ceux qui ont les
moyens de se “mettre au vert” en attendant que l’orage passe et tous
ceux qui n’ont pas cette possibilité.
Il ne s’agit pas dans cette contribution de faire de la morale, mais de pointer combien les hommes et les femmes de ce pays sont inégaux devant le risque.
D’un coté, les infirmières, les aides soignantes, les conducteurs de poids lourds, les caissières de supermarchés, les postiers sont confrontés, souvent sans aucune protection, au risque d’infection. Ils se rendent au travail, la peur au ventre sommés qu’ils sont par leur employeur de rejoindre leur poste de travail sans pouvoir faire valoir leur droit de retrait.
De l’autre, ceux qui ont la possibilité de faire du télé travail et qui occupent généralement des emplois plus qualifiés, ceux qui ont une résidence secondaire ont pu choisir de s’évader et d’élargir leur espace vital à la mer ou à la campagne.
Il y a une différence de taille entre ceux qui sont assignés à résidence dans le logement social d’un quartier populaire avec comme seul horizon un espace de parking et ceux qui ont la chance et surtout les moyens de rejoindre une résidence secondaire avec jardin.
La perspective, largement probable, d’une prolongation du confinement rendra la vie insupportable pour les premiers et plus vivable pour les seconds.
que l’on s’entende bien, il ne s’agit pas de pointer du doigt ceux qui ont la possibilité de s’extraire de l’enfermement. Tant mieux pour eux! il s’agit de dire la terrible inégalité de classe qui frappe nos concitoyens tant en ce qui concerne leur qualité de vie que le risque qu’ils courent face à la maladie.
On ne peut pas imposer la triple peine du confinement, du risque sanitaire et du travail forcé à celles et ceux qui ont des conditions de logement difficiles et qui ont des emplois moins qualifiés
Cessons de culpabiliser ceux là et ne leur imposons pas de venir travailler au risque de leur vie si leur activité ne relève pas d’un secteur stratégique indispensable à la continuité du Pays.
Ramon Falguier, Causes communes 56