Et si Jean Jaurès demain …
Si Schelling émet un rapport entre la nature et l’esprit, le possible et le réel et Plotin que l’être, la sensation, la vie, la conscience ne font qu’un, Jean Jaurès répond par la “réalité idéale”.
La notion de pénétration de Dieu et du monde, référée à celle d’unité, traduit chez Jaurès la réalité de l’être et du monde sensible, et politiquement la solidarité organique et universelle du corps social en mouvement.
Le démocratique rejoint le cosmique, dans une « double méthode d’enveloppement et de développement, d’anticipation et d’analyse », qui a joué un très grand rôle dans la pensée philosophique comme dans la pensée politique du « grand homme ». On le voit bien, la pensée de Jaurès est une ontologie – preuve de l’existence de Dieu par la définition de l’être parfait- à traduire en politique par l’avènement du socialisme.
Cet avènement est avènement de la République sociale en tant que « République jusqu’au bout » qu’est le collectivisme jaurésien : propriété sociale par la nation des moyens de production et d’échange garantissant une pleine souveraineté du travailleur face à son travail et du prolétariat dans son ensemble.
La République doit conduire au socialisme et ainsi s’accomplir pleinement, car elle est le socialisme en puissance de la même façon que ce dernier est la République en acte.
Ce passage de l’une à l’autre, qui est en fait une transmutation, doit s’opérer graduellement par la médiation de l’État.
Ainsi, partant de l’idée que l’État ne doit pas disparaître, mais plutôt se métamorphoser, Jaurès définit d’abord l’État comme ce par quoi le prolétariat réalisera son émancipation sociale.
Jean Pierre Fourré
D’après « Cahiers Jaurès »
Auteur de divers ouvrages sur Jaurès (www.editionsdematignon.com)