Orientations par Frédéric Lordon, le 7 avril 2020

Prologue. En réalité, c’est simple. Nous savons maintenant indubitablement que la manière dont nous avons vécu – la manière capitaliste – mène au désastre général. Par conséquent, nous devons en changer. Entièrement.
1.
Il fallait sans doute la catastrophe pour fermer la longue parenthèse de la préhistoire – celle du développement matériel. Le malheur ne sera pas venu pour rien s’il nous fait entrer enfin dans l’histoire – celle du développement humain. La vie commune doit donc être refaite de fond en comble.
Les individus qui ont régné pendant la préhistoire continueront d’avoir droit de cité. Nous les regarderons comme des curiosités, apprécierons leurs transformations. Empêcherons fermement les récalcitrants de nuire. Puisque ce que nous devons faire est à l’opposé de ce qu’ils ont si longtemps imposé.
Que les sociétés de la préhistoire aient pu faire du développement des accumulations monétaires leur unique horizon offre contre elles, par soi, le plus terrible des réquisitoires.
Une société humaine hiérarchise ses priorités tout autrement : selon un ordre logique pour la raison – même si, bien sûr, tout est solidaire et, dans la pratique, se donne d’un seul ensemble.
2.
Viennent en premier, les exigences de la conservation de la vie. Pour bien vivre, d’abord il faut vivre bien.
Il s’ensuit que le système général de la santé vient en haut dans l’ordre logique. Par système de la santé, il ne faut pas seulement entendre les institutions du soin médical, mais l’ensemble des pratiques concourant à l’entretien et au bien-être des corps. Ces pratiques supposent la diffusion par l’éducation, le partage des expériences, et le temps de s’y adonner.
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