Alain Bertho : ne les laissons plus décider de nos vies

« Connards », « amateurs », « incompétents », « menteurs », « criminels » : les noms d’oiseaux montent en puissance. Chaque jour qui passe en ajoute à la colère. Les masques étaient là, puis n’étaient plus là. Ils ont été commandés. Mais ils ne sont pas arrivés. Mais on en a commandé d’autres. Qui arriveront fin juin. Enfin peut-être pas. Il faut attendre 4000 morts en EHPAD, près de 40% du total français, pour que commence une campagne systématique de dépistage. « Notre pays est prêt », mais quelques semaines plus tard on risque la rupture de stock sur des produits médicaux indispensables.
Les déclarations martiales ou définitives d’un Président, d’un Premier Ministre, d’un Ministre de la Santé ou de la toujours appréciée Porte-parole du Gouvernement, ne font que renforcer le spectacle d’un gigantesque cafouillage gouvernemental. Les internautes évacuent la colère dans l’humour : le bateau coule mais « le capitaine annonce que les gilets de sauvetage ont été commandés », « les autorités médicales rappellent que commander des masques en pleine épidémie c’est comme enfiler un préservatif le jour de l’accouchement ».
L’humour, on le sait, est la politesse du désespoir. Car qu’avons-nous à opposer à ce fiasco qui met nos vies en danger mais sur lequel nous n’avons aucune prise ? Comme depuis longtemps, appels et pétitions se heurtent au silence méprisant de ceux qui décident pour nous.
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