Dominique Bourg: «Ce virus est un avertissement de la nature, très salutaire»

Responsabilisation sans précédent des individus, affirmation de la puissance de l’Etat, urgence de jeter les bases d’une société plus complexe capable de répondre aux défis de la planète… Ancien professeur à l’Université de Lausanne, le philosophe franco-suisse invite à réparer le vivant.
Archimède hors de sa baignoire. A l’écran, via visioconférence, Dominique Bourg embrasse large, avec cette générosité qui a caractérisé son enseignement à l’Université de Lausanne. Le philosophe franco-suisse, auteur d’Une Nouvelle Terre (Desclée de Brouwer) et de Parer aux risques de demain (Seuil) – avec Jean-Louis Schlegel – tire les leçons de cette grande pause qui s’impose à la planète. Et si c’était l’occasion de réformer nos conduites, nos politiques, d’inventer une civilisation plus complexe, plus sympathique, selon les termes de ce penseur qui aime les mêlées?
Le Temps: Comment vivez-vous cet entracte inimaginable dans nos vies?
Dominique Bourg: Je veille, confiné dans mon petit appartement à Lausanne. Nous vivons quelque chose de comparable à la grande peste noire. Je ne parle pas de la grippe espagnole de 1918-1919, qui a fait entre 40 et 50 millions de morts. Les pays belligérants ont cherché à étouffer la contagion, pour ne pas avouer leur faiblesse. La pandémie actuelle ne l’égalera pas, parce que cette fois-ci, on s’attaque au problème. En revanche, les conséquences économiques risquent d’être colossales.