« L’angoisse du chômage risque de servir d’épouvantail pour reconduire le monde d’hier »

L’économiste Gaël Giraud appelle à lancer une réindustrialisation verte et une relocalisation de l’économie française, en la finançant par l’annulation partielle des dettes publiques européennes.
Directeur de recherche au CNRS, professeur à l’Ecole nationale des ponts et chaussées et prêtre jésuite, l’économiste Gaël Giraud appelle à lancer une réindustrialisation verte et une relocalisation de l’économie française après la crise du Covid-19. Cet ancien chef économiste de l’Agence française de développement estime que cette relance verte pourrait être financée par l’annulation partielle des dettes publiques européennes.
Une relance verte est-elle la solution pour sortir de la crise tant sanitaire qu’économique et climatique ?
Cela me paraît une évidence. Cette pandémie est la réponse des écosystèmes naturels aux ravages que nous leur infligeons. Si l’on ne profite pas du déconfinement pour tourner la page de la société thermo-industrielle et de la destruction de la biodiversité, pour renégocier totalement notre rapport à la nature, je ne sais pas ce qu’il nous faudra comme alerte pour y parvenir.
En quoi consisterait la construction du « monde de demain » à vos yeux ? Quelles seraient les urgences à la sortie du confinement ?
Actuellement, 50 % des services et de l’industrie sont à l’arrêt et 85 % du BTP. Il faut les remettre en marche le plus vite possible. Mais pas n’importe comment. Il faut mettre en place une réindustrialisation verte et une relocalisation de l’économie française. Ce que montrent la pandémie et les confinements sur la planète, c’est que nos industries sont extrêmement dépendantes de chaînes de valeur internationales très fragiles, à flux tendus, qui ne sont pas résilientes à la défaillance du moindre chaînon.