Coronavirus : les soignants sans prime ni réconfort

Une fois n’est pas coutume, nous publions une enquête publiée par le quotidien économique Les Echos. Le journal, plus souvent porté à valoriser les actionnaires qu’à défendre les travailleurs, pointe avec force détails les signes d’un retour du temps d’avant dans la gestion de l’hôpital.
Les soignants se sont-ils une fois de plus dévoués pour rien ? Le versement de la prime et de leurs heures supplémentaires majorées promis par le gouvernement prend du retard, faute de décrets publiés. Dans plusieurs hôpitaux, les directions ont recommencé la chasse aux économies à leur détriment. Dérapages isolés ou retour à une gestion comptable des soins ? Enquête.
Après que lesechos.fr ont révélé que les décrets sur la prime octroyée aux soignants pour leur lutte contre le coronavirus n’étaient toujours pas publiés, le gouvernement a promis ce mercredi un versement « sur les paies de mai ou juin ». Cliquez ici pour plus d’informations .
Ce sont deux notes de service affichées côte à côte sur les murs d’un hôpital francilien particulièrement mobilisé pour endiguer le coronavirus. En les lisant, les soignants, en première ligne depuis mars, ont eu un haut-le-coeur. La plus récente, datée du 5 mai, concerne la prime de 1.500 euros promise pour la fin de ce mois par le gouvernement aux personnels hospitaliers des 33 départements français les plus touchés : « Aucun texte n’a été publié, nous n’avons donc aucune certitude quant à l’application de cette prime, a écrit le directeur des ressources humaines de l’établissement. La seule certitude est que cette prime ne pourra pas être versée sur les salaires du mois de mai. » Et pourtant, elle avait été annoncée dès le 25 mars par le président de la République et adoptée en Conseil des ministres le 15 avril en même temps qu’une majoration de 50 % du paiement des heures supplémentaires. Quatre semaines plus tard, ce mardi 12 mai, il n’y a toujours pas de décret d’application paru au « Journal officiel ».
Amertume chez les héros
Mais ce n’est pas tout : sur le même mur, il y a une deuxième note, plus ancienne. Le 25 avril, le même DRH commençait par un constat : « Les personnels les plus mobilisés ont impérativement besoin de repos. » Il les incite donc à prendre des récupérations « dès que possible ». Puis arrive une précision déprimante : « Uniquement pour ceux ayant un dépassement de compteur horaire important, il sera possible de payer une partie du solde, à condition que les récupérations possibles aient été prises. » Traduction : les soignants qui ont accumulé des heures et des heures de travail ne pourront pas se les faire rémunérer en totalité et doivent les transformer en jour de repos.