Le manifeste des soignants : la santé doit échapper aux lois du marché!

Alors que s’ouvre le « Ségur de la Santé » entre le gouvernement et l’hôpital public (et les Ehpad), le collectif Les jours heureux publie dans Libération le « MANIFESTE DES SOIGNANTS », pour une refonte sociale (et totale) du système de santé en France.
En lutte depuis des années contre le démantèlement et la gestion financière de l’hôpital public, aujourd’hui les soignants sont soutenus par la majorité du pays. Les bravos, les primes et les médailles n’ont pas suffi à enfumer l’opinion. La lutte contre la pandémie a montré à la fois l’échec idéologique des politiques de santé, et aussi la réussite des soignants qui se sont organisés en dehors du carcan gestionnaire. « L’impensable est devenu réalité », disent-ils. L’augmentation des salaires et la restructuration des conditions de travail sont des priorités urgentes, mais c’est toute la politique de santé qui doit être reconstruite par la base. La santé doit échapper à la loi du marché. Pas seulement la santé, bien sûr, mais faire plier l’exécutif sur ce front sera un encouragement pour les combats qui viennent.
Six mesures d’urgence
La gratuité intégrale des dispositifs de protection, de dépistage et de soins liés au Covid-19.
L’augmentation du prochain budget de la santé (Ondam) autant que nécessaire pour répondre aux besoins en ville et à l’hôpital, et pour reconstruire la psychiatrie sinistrée.
La revalorisation des bas salaires des personnels travaillant à l’hôpital, en ville et en Ehpad, pour atteindre en trois ans le niveau moyen des revenus correspondants dans les pays de l’OCDE.
L’arrêt de la politique de fermeture de lits et l’annulation de leurs réductions programmées. Au contraire, il faut ouvrir le nombre de lits hospitaliers nécessaires pour répondre aux besoins, notamment pour l’aval des urgences et la réadaptation.
L’embauche et la formation de personnels soignants pour assurer la sécurité et la qualité des soins.
Le vote d’une loi de démocratie sanitaire formalisant l’association aux prises de décision sur la santé des professionnels et des usagers et plaçant la gestion au service du soin et de la prévention. Cette loi limitera la place de la T2A (tarification à l’activité) et révisera la « gouvernance d’entreprise » mise en place par la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires).