Hannah Nelson, journaliste : « Rester sur le terrain, partout où les gens se battent pour une vie meilleure »

21. novembre 2020 Reportage 0
Hannah Nelson, journaliste : « Rester sur le terrain, partout où les gens se battent pour une vie meilleure »

Alors qu’elle couvrait la manifestation pour la liberté de la presse, le 17 novembre, la photojournaliste Hannah Nelson, 18 ans, a été placée en garde à vue. Une arrestation arbitraire mollement dénoncée par la profession, dont certains regardent de haut celles et ceux qui s’engagent sur le terrain des mouvements sociaux et qui seront les premiers concernés par l’interdiction de diffuser les visages des policiers.

Elle ne s’attendait pas à une telle vague médiatique, à autant de soutiens, ni à autant de haine. Hannah Nelson, jeune photographe indépendante de 18 ans, a été interpellée mardi 17 novembre vers 21 heures alors qu’elle couvrait la manifestation contre la loi de sécurité globale, organisée près de l’Assemblée nationale.

Nassée à l’entrée du métro Solférino avec une centaine de personnes, elle a été violemment attrapée par un CRS lors d’une charge, puis trainée au sol avant d’être menottée et maintenue face contre terre, un genou contre le bas de son dos. « Quelques secondes avant la charge, j’ai eu un échange de regard avec le policier dans le blanc des yeux. C’était comme s’il se disait qu’il allait m’attraper », dit-elle à Reporterre. Hannah Nelson s’est enquise alors du motif de son interpellation. On lui a rétorqué un lapidaire : « Tu sais. » Elle a dû attendre d’être au commissariat avant d’en connaître la raison : « Continuer volontairement à participer à un attroupement après les sommations de dispersion » et « dissimulation du visage », car elle portait un masque à gaz. Ce second chef d’accusation n’a pas été retenu, mais son masque à gaz ne lui a pas été rendu. Elle est sortie de garde à vue le lendemain, mercredi 18 novembre, à 14 h 10 avec un simple rappel à la loi et plusieurs contusions.

Déferlement de haine sur les réseaux sociaux

Entre temps, la machine médiatique s’est emballée. Ses nom et prénom se sont hissés dans les mots-clés tendance de Twitter. « Je pensais que les gens allaient en parler un peu, car lorsque j’ai été embarquée, j’étais face à un mur de photographes. Mais je n’aurais jamais cru que ça irait aussi loin. » Sur les réseaux sociaux, la jeune fille a subi des attaques tous azimuts. Sur son physique tout d’abord, puis sur son âge, son inexpérience et le fait qu’elle ne possède pas de carte de presse. Pourtant, lorsqu’elle était au lycée, Hannah était détentrice de la carte de presse Jeune, délivrée par l’association Jets d’encre, qui s’attache à la reconnaissance et à la défense des journaux réalisés par les jeunes de 11 à 25 ans.

Secrétaire de l’Observatoire des pratiques de presse lycéennes, elle aidait les jeunes journaux lycéens en cas de censure de la part des proviseurs. C’est également au lycée qu’elle a commencé à suivre le mouvement des Gilets jaunes pour son journal. « Au début, c’était juste comme ça, pour voir. Jusqu’à ce que cela devienne une passion et que je comprenne que je voulais en faire mon métier. » Elle s’est alors plongée dans ce mouvement social, photographiant et écrivant dans le journal de son lycée. Elle a rencontré Gaspard Glanz, de l’agence de presse vidéo Taranis News, avec lequel elle a commencé à travailler en mars 2020. Avec lui, elle a subi une première garde à vue humiliante, avec une fouille au corps. « Je n’ai pas compris pourquoi nous avons été embarqués avant même le début de la manifestation. Cette garde à vue était frauduleuse. Et pour me défendre, tout ce que j’ai, ce sont les 45 minutes de vidéo de notre interpellation. » Depuis, elle tente de vendre des piges, sans succès pour le moment. « Soit je n’ai pas de réponse, soit on me dit que ça n’intéresse pas, car cela ne parle pas du covid. J’ai tenté de vendre des photos avec une exposition pour financer un reportage au long cours en Écosse, mais le bar qui m’accueillait a dû fermer ses portes à cause du confinement. » Au regard de la qualité de ses photos, Reporterre a acheté son reportage de la manifestation, qui illustre cet article.

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