L’hydrogène, trop gourmand en énergie pour être écologique

16. février 2021 Arguments 0
L’hydrogène, trop gourmand en énergie pour être écologique

Nous publions le début de l’enquête menée par Reporterre sur l’hydrogène. L’icône de l’énergie verte. Energie verte : à voire.

ENQUÊTE 1/3 — Les plans de relance gouvernemental et européen font la part belle à l’hydrogène, qui serait l’énergie « verte » de l’avenir. Pourtant, la production de ce gaz pose de nombreux défis écologiques et l’enjeu de cette conversion paraît davantage économique que climatique.

Cet article est le premier d’une enquête en trois volets consacrée à l’hydrogène. Le deuxième volet : « Le plan hydrogène français entérine discrètement la relance du nucléaire » ; le troisième : « L’hydrogène, un rêve industriel mais pas écologique ».


En décembre dernier, une nouvelle publicité est apparue dans nos journaux. Entreprise en pointe du stockage de carburant, Plastic Omnium y montrait un verre d’eau, avec ce message : « Voilà tout ce qu’on rejette en roulant à l’hydrogène. » Un carburant fantastique qui ne rejette que de l’eau, voici la promesse qui accompagne le lancement de plans hydrogène dans le monde entier. Demain, selon ce discours, les camions, les avions et les trains rouleront à l’hydrogène, les usines tourneront à l’hydrogène, la pollution et les émissions de dioxyde de carbone (CO2) chuteront et la catastrophe climatique sera évitée. En France, le gouvernement a promis de dépenser plus de sept milliards d’euros sur dix ans pour développer ce nouveau vecteur d’énergie. Et pour piloter cette grande transformation, il vient de créer un Conseil national de l’hydrogène, rassemblant une palette de patrons d’entreprises aujourd’hui peu connues pour leur engagement contre le réchauffement climatique : Total, Air Liquide, Engie, Airbus, KemOne, ArcelorMittal, Faureci [1].

Revenons à notre verre d’eau. Il est question d’un véhicule dont le réservoir stocke de l’hydrogène [2], gaz qui est soit utilisé comme carburant d’un moteur à combustion interne, soit pour alimenter une pile à combustible faisant fonctionner un moteur électrique. Le pot d’échappement rejette de la vapeur d’eau et non des particules nocives et du CO2 issus de la combustion des dérivés pétroliers. En revanche, que les véhicules soient thermiques ou électriques, à hydrogène ou pas, près de la moitié (environ 46%) des particules fines qu’ils émettent résulte de l’abrasion des freins, des pneus et des revêtements routiers, car aucun véhicule ne rejette « que de l’eau » [3].

L’hydrogène est dit « vert » quand cette électricité est issue de sources renouvelables 

Mais la question essentielle est : d’où vient l’hydrogène qui fait rouler ce véhicule ? L’hydrogène (H2) pur est très peu présent à l’état naturel. Cette rareté fait que la totalité de l’hydrogène utilisé est produite industriellement selon divers procédés. Aujourd’hui, plus de 95 % de l’hydrogène produit dans le monde est issu du méthane, du pétrole ou du charbon [4], par des procédés très polluants [5], notamment en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Le message de la publicité de Plastic Omnium est donc mensonger : même en oubliant les particules émises par le véhicule hors pot d’échappement, la production de l’hydrogène qui le fait rouler rejette beaucoup de CO2. Enfin, pour l’instant, espèrent les partisans de ce vecteur d’énergie, car tout l’enjeu des plans hydrogène est de « décarboner » cette production à l’horizon 2030 ou 2050.

Pour lire la suite du 1er volet, c’est ici
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