Pour la reconnaissance du travail hors de l’emploi

16. février 2021 Arguments 0
Pour la reconnaissance du travail hors de l’emploi

Longtemps, une partie de la gauche a cherché à mobiliser autour de la défense de services publics forts et de la justice fiscale. Les récentes défaites citoyennes, politiques et syndicales doivent nous interpeller : malgré la forte mobilisation qu’ont pu susciter tant l’opposition à la réforme des retraites que le mouvement des gilets jaunes ou la grève des cheminots en 2018, ces combats se sont soldés par des défaites. Dès lors, comment analyser ces mouvements sociaux et rebâtir un discours à même de fournir une grille d’interprétation générale, un projet capable de susciter l’adhésion ? Gageons ici que l’enjeu central est le renversement du cœur de nos revendications, qui acceptent à tort de se situer sur le terrain imposé par la classe dominante, à l’origine des réformes. Tout discours émancipateur doit impérativement réinvestir les questions centrales du travail et de l’investissement.

La définition du travail : un enjeu décisif

Enjeu central de la lutte des classes, la définition du travail – qui n’a rien de naturel – n’est jamais neutre. N’est considéré comme relevant du travail que la part de notre activité que des institutions légitimes reconnaissent comme contribuant à la création de valeur économique. Ainsi, ce ne sont jamais les caractéristiques intrinsèques d’une activité qui lui permettent d’être considérée comme du travail, mais bien les conditions dans lesquelles elle est effectuée. L’exemple le plus éloquent est sans doute celui des tâches domestiques. Repeindre ses propres volets ne semble pas relever, dans un cadre capitaliste, de la notion de travail (au sens de contribution à la création de valeur économique). En revanche, une peintre exerçant en auto-entrepreneuse embauchée pour faire la même action verra son activité être reconnue comme du travail (et donc comptabilisée dans le PIB).

L’enjeu de l’émancipation du travail est, précisément, de reconnaître et salarier le travail hors de l’emploi.

Dans un cadre purement capitaliste, les institutions de reconnaissance du travail, que sont le marché des biens et services pour les indépendants et le marché de l’emploi pour les autres, ne retiennent qu’un seul critère : celui de la mise en valeur de capital. Le discours de la bourgeoisie capitaliste vise donc à entretenir la confusion entre le travail et l’emploi – autrement dit la mise en valeur du capital d’un propriétaire. Il ne serait ainsi possible de travailler que dans l’emploi. Au contraire, l’enjeu de l’émancipation du travail est précisément, de reconnaître et salarier le travail hors de l’emploi.

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