La gauche et les élections départementales en Morbihan : retour sur un échec

La gauche et les élections départementales en Morbihan : retour sur un échec

Début octobre 2020, s’est tenue à Lanester, à l’invitation du Parti communiste du Morbihan une réunion visant à rechercher les conditions d’un rassemblement de la gauche et des écologistes en vue des prochaines élections départementales

Étaient présents : La France insoumise, le PCF, Europe écologie les verts, l’UDB, le Parti socialiste, Génération.s, Morbihan en transition, Lorient en commun et Lanester nouvelle citoyenneté.

Les participants à cette rencontre ont sollicité Causes communes 56 pour coordonner un travail de construction d’un programme départemental, porteur de justice sociale et de démocratie en rupture avec la gestion conservatrice de l’actuelle majorité du Conseil départemental.

Nous avons donné notre accord pour coordonner ce chantier, considérant que le rassemblement de toutes les forces de la gauche et de l’écologie auxquelles s’associaient des mouvements citoyens nés des territoires, était une formidable opportunité pour le département. Pour la première fois, il était possible d’opposer un front uni à la droite départementale sur un programme porteur de démocratie et de transformation sociale. Une telle démarche, inédite dans le Morbihan, était de nature à faire naitre une vraie dynamique, à mettre en mouvement les citoyens et à mobiliser les trop nombreux électeurs qui ne votaient plus.

Quatre réunions se sont tenues depuis octobre 2020. Elles ont permis de recueillir 110 propositions pouvant préfigurer l’ossature du programme à venir. Toutefois, cette production a été assez inégale. Génération.s, la France insoumise et le PCF y ont largement contribué. Les autres composantes ont plutôt adopté un comportement « wait and see », avant de remettre en cause peu avant Noël le principe même d’un programme départemental commun et la recherche d’un processus de répartition équitable des candidatures à l’échelle du département.

Soucieux, au-delà du cercle réduit des appareils, d’informer les citoyens pour leur permettre de se positionner, nous avons suggéré de rendre public un communiqué faisant état de l’avancement du chantier. Cette proposition n’a pas été acceptée par certains partenaires. La messe était dite. Nous n’avons pu que constater, avec déception l’échec de la démarche.

Alors qu’elles sont à peu près d’accord sur l’essentiel, s’agissant des enjeux de gestion du département, les forces de la gauche et de l’écologie se présenteront donc en ordre dispersé devant les électeurs en juin prochain. L’objectif de gagner le département ou a tout le moins de constituer, sur des bases claires, un fort groupe d’opposition, a peu de chance, compte tenu de ce qu’est la loi électorale, d’être atteint.

Par la force des choses, le mandat qui nous avait été confié, de contribuer au rassemblement autour d’un projet commun, s’arrête là. Il est peu de dire que nous le regrettons. Nous ne doutons pas, toutefois, que ceux qui ont maintenu jusqu’au bout leur volonté d’union pour ce scrutin sauront trouver leur chemin commun.

Nous ne voulons pas porter de jugement sentencieux sur ce qui vient d’advenir. Nous n’en avons ni la prétention ni la légitimité. Toutefois, nous souhaitons mettre au débat plusieurs questions qui interrogent sur l’état et l’influence de la gauche institutionnelle et mouvementiste.

Comment ne pas pointer une dispersion et une fragmentation à gauche qui croît au fur et à mesure que son influence électorale et sa capacité de mobilisation décroissent ? Comment ne pas regretter que les logiques d’appareil, à l’image de ce qui vient de se passer, ici, en Morbihan, l’emportent sur la nécessité d’unir ce qu’il reste d’intelligence collective et de forces militantes ? Comment mieux opérer la jonction entre la gauche dite institutionnelle et toutes ces mobilisations informelles, parfois brouillonnes, mais au combien révélatrices d’une résistance qui monte dans le pays ? Comment, dans ce système en crise et à bout de souffle, ouvrir des perspectives et susciter de l’espoir ?

Dans un essai publié en 2007, intitulé « La stratégie du choc », la journaliste canadienne Naomi Klein montre, exemples à l’appui, que les périodes de crises aiguës (financières, climatiques, sanitaires) sont toujours mises à profit par les tenants de l’ordre ancien pour conduire, en s’appuyant sur l’état de sidération qui résulte de ces crises, des réformes ultra libérales et pour instaurer une société sous contrôle.

Nous en sommes là aujourd’hui. Le développement de la pandémie de Covid 19 est clairement mis à profit pour réduire les libertés publiques. Le pluralisme recule partout dans les médias. La loi sur le séparatisme risque de fracturer la société. Il est à craindre que la crise économique qui suivra la crise sanitaire ne justifie demain une accélération des réformes néolibérales en aggravant les inégalités et en détruisant un peu plus le pacte social qui fonde notre République.

Dans ce contexte, que faire ? Comment résister ? Comment rassembler ? Autour de quel projet ? La gauche, telle qu’elle est aujourd’hui, a-t-elle la capacité d’ouvrir des perspectives et de redonner de l’espoir ?

Dès que la situation sanitaire le permettra nous convoquerons l’assemblée générale annuelle de Causes communes 56. Comme d’habitude, elle sera ouverte, sans formalisme à celles et ceux qui le souhaiteront. Nous formons le vœu qu’elle permette de débattre et d’avancer pour que le monde d’après, en Morbihan et ailleurs, ne soit pas pire que le monde d’avant

Le collectif de Causes communes 56, le 16 février 2021.


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