Une famille de Hennebont en recherche d’hébergement

Une famille de Hennebont en recherche d’hébergement

Nous relayons ici comme une bouteille à la mer la mobilisation en cours à Hennebont pour venir en aide à une famille de réfugiés menacés d’expulsion ou de centre de rétention si elle continue d’occuper son logement. Elle est en contact avec RESF, la Cimade. Voici le texte de Christian Le Meut publié sur Facebook :

” Aujourd’hui la République française a eu le visage d’un enfant qui pleure. Celui de Fahim*, quatre ans. Il est né en France et parle parfaitement le français, peut-être mieux que la langue de ses parents. Aujourd’hui, je suis allé à l’appartement où il habite depuis trois ans avec ses trois grandes sœurs et ses parents, qui demandent l’asile en France.
 
J’ai rempli ma voiture avec les jouets des enfants et les affaires triés par la maman. Quand j’ai pris la moto de Fahim, une moto à sa taille sur laquelle il peut faire la course, il a pleuré à chaudes larmes. Je lui ai promis de garder sa moto chez moi et de la lui rendre quand il reviendra.
 
Car Fahim et sa famille doivent quitter leur appartement demain mercredi et il faut vider les lieux. Ils ne savent pas encore où ils dormiront demain soir, ni même s’ils dormiront sous un toit.
 
Leur procédure d’asile, pourtant, n’est pas finie. Ils ont obtenu une réponse négative en première instance (Ofpra) mais ne sont pas encore passés en appel devant la Cour nationale du droit d’asile. Comme ils viennent d’un pays « sûr » du point de vue du gouvernement français, celui-ci a décidé de les mettre sous « OQTF », Obligation de quitter le territoire français. Ils doivent rentrer dans leur pays avant même la fin de la procédure d’asile ! Les parents contestent : leur pays d’origine, en ex-Yougoslavie, n’est pas sûr, et ils y seraient en danger s’ils devaient y retourner.
 
Mais à la suite de l’OQTF, la famille doit quitter l’appartement qu’elle occupe. Parents ou enfants ont-ils troublé l’ordre public ? Non. Les quatre enfants sont scolarisés depuis trois ans à l’école primaire d’à côté, et sont très bien intégrés. Les parents ont appris le français. Le papa souffre d’une hernie discale et doit souvent s’allonger sur son lit médicalisé. Pas assez grave pour que la France lui accorde le droit de se faire soigner ici…
Pourquoi ne pas laisser cette famille aller au bout de sa demande d’asile, et lui permettre de rester dans l’appartement qu’elle occupe jusqu’à la réponse ? Pourquoi ne pas l’autoriser, après quatre ans de présence en France, d’y rester ? Pourquoi les procédures de demande d’asile sont-elles si longues en France ?
Fahim, ce petit garçon au regard malicieux, m’a demandé à plusieurs reprises si j’ai un vélo. Je lui ai dit que « oui », mais un grand vélo. Trop grand pour lui. Trois fois il m’a demandé si je ne voulais pas en acheter un petit. Fahim a une grande envie de faire du vélo, comme beaucoup d’enfants de son âge. Mais il devra attendre. Aura-t-il un vélo un jour ?
 
Demain Fahim devra quitter sa maison. Pour une autre maison ? Pour une autre ville ? Changer d’école ? Pour quel avenir ? Toutes ces procédures respectent-elles les droits de l’Homme, les droits de l’enfant ?
Aujourd’hui la République française a montré combien elle peut-être inhumaine et cruelle envers des êtres humains, très loin des valeurs qu’elle affiche tout en les foulant aux pieds.
Aujourd’hui la République française a eu le visage d’un enfant qui pleure.
Et moi, j’ai eu honte.
 
Christian Le Meut
* Prénom transformé
 
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