Le néolibéralisme est-il mauvais pour la santé ?

La nature des débats publics est parfois surprenante pour qui explore les sciences économiques ; s’il est bon de discuter des croyances et des dogmes, certaines idéologies semblent rarement faire l’objet de grands débats : c’est le cas du néolibéralisme.
Alors que la mentalité dite « libérale », caractéristique de la tradition rationaliste des Lumières, place au cœur des textes de notre Constitution les principes de liberté, d’égalité, de solidarité ou encore de démocratie, une idéologie semble avoir « furtivement » (selon les termes de la politologue Wendy Brown) mené sa révolution. Cette idéologie néolibérale, reposant sur une forme de rationalité marchande généralisée, est bien connue des chercheur·e·s en gestion.
Tout d’abord, pour comprendre le « néolibéralisme », Alain Supiot propose de débuter l’analyse par la lecture de la Déclaration de Philadelphie adoptée le 10 mai 1944 par la Conférence générale de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Ce texte d’inspiration libérale, visant à tirer profit des acquis du New Deal mis en œuvre par Roosevelt aux États-Unis, cherche à offrir un contre-modèle à l’idéologie de l’humain pensé comme ressource. Ainsi, cette déclaration promeut la justice sociale et repose sur la défense de quatre libertés fondamentales proclamées par Roosevelt : liberté d’expression, liberté de religion, libération du besoin et de la peur. Plus encore, l’OIT se donne pour objectif d’accompagner les programmes publics afin de permettre aux travailleurs d’accéder « à des occupations où ils aient la satisfaction de donner toute la mesure de leur habileté et de leurs connaissances et de contribuer le mieux au bien-être commun ».
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