Défense et développement du service public en Morbihan

Quelques réflexions et propositions concernant l’organisation d’un événement début décembre

 Lors de la réunion du 6 juin dernier du collectif de Causes communes 56, il a été proposé que notre Association soit à l’initiative, en décembre,  d’une action autour de la défense du service public en Morbihan, avec le triple objectif de faire un bilan  des luttes engagées, de fédérer au plan local les résistances et de construire localement des alternatives à la politique de casse des services publics conduite par Macron et son gouvernement

Il a été convenu de travailler sur une note de propositions à mettre au débat entre les adhérents de Causes communes

On trouvera ci après quelques pistes dont nous pourrions discuter lors de la réunion plénière des adhérents  programmée le dimanche 8 juillet prochain.

1)    Pourquoi faire le choix des services publics ?

 Nous sommes confrontés depuis le début du quinquennat à une offensive généralisée contre le service public « justifié » idéologiquement par la doxa libérale de baisse des dépenses publiques et imposée aux peuples  par des directives européennes bureaucratiques et d’inspiration néolibérales. Cette offensive  conduite à marche forcée vise à saper les bases même du modèle social issu du programme du Conseil national de la résistance. Il touche tous les secteurs du service public : SNCF, hôpital public, EHPAD, accès à l’université, fiscalité locale, suppression des emplois aidés…..

 L’intervention de l’état et des collectivités territoriales permettait jusqu‘aux années 80 de réduire les inégalités  par l’existence d’un service public de qualité et accessible au plus grand nombre. Le recul du service public et la mise en concurrence généralisée, organisés par Macron, vont accroitre encore plus les inégalités et fragiliser les plus faibles.

Le fonctionnement du service public, ses défaillances, voire sa disparition dans certains territoires affectent au quotidien la vie des gens. Il est donc potentiellement plus facile de mobiliser en proximité sur la défense du service public (fermeture d’une école en milieu rural, fréquence de TER, insuffisance de personnel dans un service d’urgence..) que sur des enjeux plus éloignés des préoccupations immédiates (enjeux institutionnels ou de politique internationale par exemple).

Par ailleurs, un grand nombre d’associations et de mouvements spontanés se font et se défont dans nos territoires autour d’enjeux et de luttes locales ou le service public est souvent au centre. Il y a là un formidable potentiel militant à faire grandir, des convergences à trouver, des rapprochements à favoriser, des perspectives de luttes à ouvrir. L’initiative que nous suggérons cet automne peut y contribuer.

2)    Un rapport de force à bien prendre en compte :

Si tout le monde n’a pas la même lecture et ne dresse pas  le même bilan des luttes du printemps, la lucidité impose toutefois de reconnaitre que la mobilisation sociale des derniers mois n’a pas été à la hauteur de l’offensive anti sociale de Macron et de son gouvernement.

Plusieurs raisons peuvent être évoquées : éparpillement des forces de la gauche d’alternative, batailles fratricides pour le leadership, fragilité du front syndical, défiance à l’égard des politiques, difficulté à construire des alternatives.

Par ailleurs et en dépit d’un mécontentement réel, l’idée selon laquelle il n’y a pas d’alternatives aux politiques libérales s’est installée dans les esprits. Les forces néolibérales ont partiellement gagné la bataille des idées en utilisant subtilement les médias et en imposant des poncifs du genre : « Nous sommes modernes, ils sont archaïques », « les féodalités syndicales bloquent toute évolution », « les fonctionnaires sont accrochés à leurs privilèges » etc. …….

Le souhait que nous avons de faire débattre et de mobiliser sur la défense du service public nécessite donc de bien prendre en compte la réalité du rapport de force  et ce qu’il y a dans les têtes, en prenant en compte que faire débattre, ce n’est pas rien. Débattre n’est pas une activité de salon, c’est la mise en danger de sa propre opinion, de sa propre vision au risque consenti de l’amender par la fréquentation d’une opinion divergente. Causer ensemble, c’est le début de marcher ensemble et plus si affinités…

3)    Quelques pistes de travail :

Du constat fait ci dessus, et pour peu que nous le partagions, nous pourrions décider de creuser trois pistes pour réussir notre initiative de l’automne

Œuvrer au rapprochement des forces antilibérales dans le département :

 Sans chercher à pointer qui est responsable de quoi, le constat de la dispersion des forces de la « vraie gauche » tant au plan national qu’au plan local est une réalité. La séquence électorale qui se prépare avec les élections européennes et le discours désormais bien rodé : « il faut se rassembler à condition que ce soit autour de moi »,  n’est pas à priori porteur d’une démarche de rassemblement.

Toutefois notre positionnement singulier dans le paysage politique local qui entend dépasser les logiques d’appareil, de leadership et de pouvoir peut nous donner une certaine légitimité

Le rôle que nous avons joué pour rassembler lors de la manifestation du  26 mai, la démarche que nous avons engagée pour rencontrer sans a priori et dans un souci d’écoute réciproque les organisations politiques, les syndicats et les mouvements et associations engagés dans le combat social dans le département, peuvent être des points d’appui pour favoriser le rapprochement des forces antilibérales.

En s’appuyant sur le retour encourageant des premières rencontres organisées en mai et en juin,  il est proposé de caler, dès notre réunion du 8 juillet,  un nouveau calendrier de rencontres pour septembre, en présentant la démarche  qui est la notre  autour de la défense du service public et en invitant à la Co- construction de l’évènement. Il faudra trouver un bon équilibre entre les organisations politiques et les associations et mouvements engagées dans les combats locaux.

La diversité des forces est un atout, pas un fardeau :

Nous n’avons pas la même appréciation du rapport entre les forces politiques, syndicales, associatives mises en mouvement par les salariés, les paysans, la jeunesse, les femmes, d’une part et d’autre part les forces politiques ultra majoritaires à l’assemblée nationale qui défendent les intérêts agro industriels et bancaires. Mais agir ensemble dans le respect scrupuleux de l’identité de chacun comporte deux immenses avantages :

1)      Notre diversité nous rend, si nous rassemblons, représentatifs de la réalité humaine, politique, sociale et culturelle de notre département.

2)      Construire ensemble de la « force d’action » est mille fois plus efficace que la simple addition des combats de chacun. Chacun devient fort des préoccupations, des formes d’action, des formes d’expression, des héritages qui ne sont pas les siens

b) Articuler, dans la construction de l’événement, bataille d’idée et luttes pour la défense du service public :

Dans un contexte marqué par la fatalité  et par la pression médiatique des « experts » concernant le service public, il nous semble nécessaire de débattre et d’argumenter pour déconstruire le discours dominant dans la tête des gens.

Pour notre projet, on  pourrait utilement s’inspirer de la démarche d’ATTAC qui lie en permanence éducation populaire, actions de terrain et construction d’alternatives.

c) Elaborer ensemble :

 Notre association est jeune et ses capacités militantes sont limitées. Nous devons nous garder, de proposer (d’imposer), un schéma usine à gaz, d’une part parce que nous n’aurons pas les capacités matérielles de le mettre en œuvre, d’autre part parce qu’une telle façon de faire ne correspond pas (plus) à l’idée que nous nous faisons de l’action politique.

L’idée serait donc de coconstruire l’initiative avec toutes celles et tous ceux qui dans le département veulent agir pour sauvegarder le service public et travailler à son évolution.

Nous pourrions suggérer la tenue d’assises du service public en Morbihan à échéance du mois de décembre avec une montée en charge progressive dans la construction de l’événement entre septembre et décembre, ponctuée d’actions de terrains visibles et médiatisables conçues comme autant de paliers vers les assises de décembre.

La pratique d’agrégation progressive de forces, dans un fonctionnement très horizontal et proche des problématiques de terrain décrite par Ruffin pour sa campagne des législatives, dans le numéro de juin du Monde diplomatique, est peut être à prendre en compte dans notre façon de faire.

Un effort particulier devra être fait en direction de militants éloignés voire en rupture avec les organisations politiques, nombreux et actifs dans les associations locales, souvent plus jeunes et porteurs de pratiques nouvelles. Cet enjeu d’intégration de pratiques militantes renouvelées doit absolument être intégré dans le programme de rencontre que nous devons finaliser pour la rentrée de septembre.

Il est proposé de réfléchir à la mise en place dès septembre d’un collectif militant, largement ouvert, pour construire l’événement.

3)    Ebauche d’un premier calendrier :

8 juillet: Réunion (élargie ou pas) des adhérents de Causes communes pour discuter, amender et valider la présente note, arrêter la liste des organisations  associations et mouvements à rencontrer, préfigurer le calendrier des rencontres et les noms de celles et ceux qui prendront les contacts nécessaires. Procéder à un premier échange de vue sur la mise en place du collectif militant avec la perspective qu’il soit opérationnel pour la mi septembre

Juillet-Aout : Chacun réfléchit aux thèmes, actions, mobilisations, autour de la défense du service public en Morbihan. Ces réflexions et propositions pourraient alimenter une boite à idée à ouvrir sur le site de Causes communes.

Des le 1er septembre : Rencontres avec les acteurs engagés dans le mouvement social en Morbihan sur la base des principes et du calendrier qui aura été arrêté lors de la réunion du 8 juillet.

Vers le 15 septembre : Convocation de la première réunion du collectif militant pour arrêter les modalités de fonctionnement du collectif, les thématiques à retenir, les formes d’action, la stratégie de communication et une première réflexion sur les événements et actions de terrain permettant de construire une dynamique jusqu’aux assises.

 Partant du principe que le collectif militant doit être l’élément central de construction du projet il n’est ni possible ni souhaitable d’aller plus avant dans le processus de construction des assises de Décembre et des actions de « montée en charge » d’octobre et novembre

A ce stade, nous pouvons seulement avancer quelques intentions, à débattre, concernant notre forum de début décembre. Il faudrait éviter qu’il soit, comme c’est trop souvent le cas  un exercice théorique sans lendemain entre militants convaincus. Nous pourrions concevoir cette journée comme un tremplin pour les luttes à venir pour la défense du service public en Morbihan organisé en plusieurs séquences : témoignages sur les batailles en cours, retour sur les actions concrètes de sensibilisation que nous aurons menées en octobre et novembre, quels chantiers-action  mettre en place pour construire un meilleur service public dans le département, comment organiser la résistance à la casse du service public, quelles priorités retenir ? Quelles perspectives de luttes, avec quel calendrier ?

Télécharger le PDF