“Ne transformons pas nos frontières en murs”
“Nous sommes rassemblés ici ce soir à l’appel du Réseau Educations Sans Frontières et de nombreuses autres organisations : Amnesty International, Acat, ATTAC 56, CGT éducation, Emmaüs Fondation Abbé Pierre, Ensemble 56, la FCPE, FSU 56, Snuipp et Snes FSU, France Insoumise pays de Vannes, Parti Communiste, Parti de Gauche, Sud éducation pour refuser avec force la politique migratoire que veulent mettre en place Emmanuel Macron et Gérard Colomb, ministre de l’Intérieur.
C’est une indigne chasse aux réfugiés, aux étrangers que veut mettre en place le gouvernement et qui commence par une impitoyable guerre des chiffres.
Il faut en effet que les Préfectures remontent pour la fin de l’année les meilleures statistiques d’Obligations à quitter le territoire et d’expulsions. C’est pourquoi le Préfet du Morbihan, obéissant aux ordres, se lance dans des arrestations à tout-va et en toute illégalité : menaces d’expulsion sur des jeunes scolarisés dont les parents sont en situation régulière, mise en détention d’enfants et de familles dublinés alors même que cet enfermement a été déclaré illégal par un arrêté du 27 septembre dernier, arrestation d’un futur papa d’enfant français…
Il s’agit pour les préfectures d’appliquer jusqu’à l’absurde une politique migratoire qui entend trier les migrants entre les « bons » qui pourraient prétendre à l’accueil et les « mauvais » migrants dits économiques qu’il s’agirait de renvoyer à tout prix. Comme s’il était plus supportable de voir mourir son enfant de misère que de le voir tuer par des bombes! Cette politique inhumaine est dépourvue de sens et oublie que l’on quitte son pays pour de multiples raisons – persécutions politiques, ethniques, sexistes, guerre, chaos économique, absence d’état de droit, dérèglement climatique qui vous prive de vos terres, désir d’une vie meilleure – mais toujours pour de très bonnes raisons.
Redisons le haut et bien fort : le droit de migrer est un droit fondamental de l’être humain et même constitutif de l’Humanité ! Ne transformons pas nos frontières en murs !
Cette politique migratoire du tri, essentiellement répressive, crée aujourd’hui un climat de suspicion sur l’ensemble des étrangers.
De plus, en vertu de la fausse théorie de « l’appel d’air », tout est fait pour rendre difficile la vie quotidienne des migrants : par manque d’hébergements des jeunes, des familles, des enfants sont laissés à la rue et dorment dans des voitures, dans des abris de fortune, à la gare, au mieux chez des compatriotes. Les récépissés délivrés le sont sans droit au travail, pour une durée de quelques mois, interdisant toute possibilité de logement, maintenant les familles dans une très grande précarité, ne se logeant, ne se nourrissant que grâce à la solidarité.
Le gouvernement affirme : « Nous ne pouvons faire face, les migrants sont trop nombreux ». La droite fascisante renchérit et parle de « submersion », voire « d’invasion ».
C’est faux. La réalité est toute autre. En France, malgré l’arrivée récente de populations fuyant les guerres du Proche Orient, d’Afghanistan ou d’Afrique de l’Est, le nombre d’immigrés reste stable, autour de 9%.
Ce discours alarmiste et mensonger sert pourtant à justifier la mise en place par le ministre de l’Intérieur et Emmanuel Macron d’un « plan immigration » qui selon les mots du Secrétaire général de La Cimade « dépasse toutes les lignes rouges » en particulier à travers les circulaires du 20 Novembre et du 12 décembre 2017.
• Ils s’attaquent au droit d’asile en souhaitant raccourcir les délais de traitement des demandes par l’OFPRA et le CNDA avec le risque de voir des dossiers bâclés.
• Ils veulent réduire le nombre de demandeurs d’asile en étendant le règlement Dublin à des pays qui ne sont pas signataires ; si on observe aujourd’hui un recul du gouvernement sur les pays dits « pays tiers sûrs » comme la Turquie, la Hongrie, la Serbie voire la Lybie, où les conditions de vie des migrants sont souvent inacceptables, il nous faut rester vigilant car ce projet est un projet européen.
• Ils veulent généraliser l’enfermement et l’éloignement en particulier des dublinés, voulant même créer des centres dédiés aux dublinés où l’on pourrait rester enfermé 3 mois !
• Ils souhaitent mettre en place un chantage qui ne dit pas son nom en conditionnant l’aide économique au développement et la coopération à la soumission aux règles migratoires.
• Enfin, ils veulent faire la chasse aux immigrés jusque dans les centres d’hébergement provoquant la colère et l’indignation des associations qui ont saisi le Défenseur des Droits.
Car derrière cette politique déshumanisée qui parle « maîtrise des flux », il y a des femmes, des hommes, des enfants, des jeunes gens et jeunes filles menacés d’expulsion, que l’on arrête au petit matin, que l’on veut arracher à leurs écoles, à leurs amis, à leur famille. Il y a à Vannes, à Lorient Nino, Brunilda, Brenard, Misena, Mirsen, Mia, Paola, Engjell, Rati, Irakli. Il y a Elena, Svetlana ou Gevorg en 6ème au collège Saint-Exupéry qui, de retour du centre où il a été enfermé, n’a cessé de pleurer.
Face à cette déshumanisation croissante du droit des étrangers, il est urgent de manifester notre solidarité et d’appeler notre gouvernement à une politique migratoire fondée sur l’accueil, l’hospitalité, la fraternité. La politique migratoire qu’ils veulent appliquer ne se fera pas en notre nom.
Il est urgent de rappeler à notre gouvernement républicain qu’il se doit d’appliquer les textes fondateurs auxquels la France a souscrit, la Déclaration des Droits de l’Humain, la Convention Internationale des droits de l’enfant.
Tous ensembles, citoyens, associations, syndicats, partis politiques, nous devons faire front et manifester notre solidarité pour que personne ne soit à la rue, en soutenant les exilés dans leurs parcours juridiques et administratifs, en signalant avec vigilance toute menace d’arrestation, d’expulsion, en interpellant les élus, les responsables politiques pour que les moyens nécessaires à un hébergement, à un accueil digne soient mis en place.
La France a une belle devise : Liberté ! Egalité ! Fraternité ! Faisons la vivre !